J’aime le hasard de la vie qui crée les rencontres nécessaires aux histoires que l’on aime se raconter. Kamylia est l’héroïne de cette histoire. Elle a quitté le Kazakhstan et vit depuis 2 ans en France, elle n’est pas modèle, elle fait des études d’art, lit Rimbaud et aime passer ses après-midi à se promener dans les couloirs du Louvre. Je l’ai rencontrée par hasard et ce qui m’a de suite fasciné chez elle, c’est son détachement total par rapport à ce qu’elle représente.
Je me pose chaque jour la question de ce qui fait la beauté d’un visage ou d’une attitude. J’essaie de comprendre ce qu’est le charisme, la présence, la beauté des traits, d’un regard, d’une silhouette et je remarque qu’à chaque rencontre, mes certitudes s’écroulent pour mieux se reconstruire.
A vrai dire je ne sais pas si Kamilya est fondamentalement belle, je ne suis même pas sûr que ce qui m’émeut en elle, d’autres le verront, en fait cela n’a aucune importance. Elle s’est imposée à moi comme une évidence, une pure et totale évidence. Pas de pourquoi, de comment, de doute, c’est là et il n’y a rien à faire.
L’histoire de cette série de photos a commencé par une demande d’un très bon ami qui travaille pour Blogbang. Il me proposait de faire quelque chose pour la marque St. Dupont. J’ai tout d’abord refusé car je ne me sentais pas à l’aise avec le projet et aussi pour la raison que je ne souhaite tout simplement pas monétiser mon blog.
Puis j’ai réfléchi, je me suis baladé sur le site web de la marque et j’ai vu ce briquet. (pour info il s’agit du Ligne 2)
Un briquet. Du feu. Une flamme. Paris. Un café. Kamilya – L’équation s’est imposée à moi.
J’ai donc écrit un mail en leur demandant qu’ils m’envoient le briquet, que je voulais faire des photos, que j’avais le modèle, une idée de mise en scène et que je m’occupais du reste. Ce qu’ils firent avec plaisir en me laissant carte blanche.
Je lui ai donné rendez-vous Place des Vosges, il pleut averse, nous marchons sous les arcades et discutons. Il est 11h du matin, le ciel est gris, on se met en terrasse à l’abri et commandons un café. Je sors mon appareil et lui donne le briquet. Je lui demande si elle fume, elle sort des cigarillos de son sac, je lui donne un paquet de cigarettes.
Elle est curieuse et me questionne sur mes peintres préférés, je la questionne sur le Kazakhstan. J’essaie de comprendre l’origine des traits de son visage, ni asiatiques, ni russes, elle me demande si je connais Rimbaud. Je prends quelques photos entre deux gorgées de café, elle ne calcule même pas l’appareil. L’esthétique du désintéressement.
Cette série est une improvisation, comme la plupart des shooting que je fait pour ce site. En ce sens que je ne scénarise pas l’histoire que je vais raconter, elle se déroule sous mes yeux et mon objectif. Je suis seul avec le modèle, maître de rien, la lumière est celle de l’instant et du lieu, ni flash, ni réflecteur, ni rien, donc tout. « Enlevez moi tout, il me restera tout », disait Jean Cocteau.
Elle n’a jamais demandé à voir les photos. Elle ne les verra peut être jamais, je crois même qu’elle s’en fout.
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