Le projet de cette campagne débute en décembre alors que je suis à New York pour quelques jours. Il est 8h, je descends prendre un café quand je reçois un appel de Philippe Starck avec qui j’ai déjà travaillé par le passé. Enthousiaste, il me parle des créations qu’il vient de réaliser pour la maison italienne de céramique, Sant’Agostino. Il souhaite que je réalise la campagne print composée de cinq photographies ainsi que le film The FLEXIBLE ARCHITECTURE. Le brief est simple et ouvert, « incroyable », « surréalité », « dadaïste » sont les trois mots qui doivent me lancer sur la piste. Nous parlons rapidement budget, puis raccrochons.
Je prends le bloc-note qui est à côté de mon lit et commence à mettre quelques idées qui m’ont traversée l’esprit pendant la conversation, sur papier. Parallèlement à ça, j’appelle mon directeur de prod pour qu’il prépare le devis et commence à contacter l’équipe qui m’accompagne sur chacun de mes projets, soit une quinzaine de personnes. New York est sous la neige et la température approche des -15°, il ne m’en faut pas plus pour rester à l’hôtel.
Je dessine beaucoup et me nourris à travers internet, de photos, de peintures, de ballets, de pièces de théâtre et de films. Je pioche dans l’histoire de l’art, des idées, des couleurs, des attitudes et des concepts qui pourraient enrichir mes idées. Pendant ces journées de réflexion, tout devient prétexte à m’apporter des idées, une femme qui court en collants de laine rouge dans la neige de Central Park, un livre sur Bob Wilson déniché chez Strand Books, un graffiti représentant une image mythique d’un couple s’embrassant sur Time Square. Être obsessionnellement et compulsivement, une éponge.
Les jours passent et le projet avance, les pistes sont validées par Starck. Le tournage se fera à Bologne en Italie, je rentre en France pour préparer le shooting. Vient la phase du casting.
J’envoie mes recommandations au directeur de casting qui m’envoie une première sélection. Sur la vingtaine de profils, j’en sélectionne six, trois femmes et trois hommes. Je rencontre chacun d’entre eux et leur demande de me parler d’eux, de danser, de marcher, de jouer la comédie, comme s’il s’agissait de tourner un long métrage. Deux d’entre eux s’imposent à moi, Sarah et Nicolas.
La maison Lanvin collabore avec moi depuis mes tous premiers projets, c’est donc accompagné de Sarah, Nicolas et de ma styliste Aurore, que je vais faire la sélection des pièces dans le showroom de la marque. Sarah essaye une dizaine de robes, j’en retiens cinq pour leurs couleurs, leurs matières et le mouvement qu’elles donneront lors des plans en slowmotion du film. Je retiens quatre costumes et paires de chaussures pour Nicolas.
Starck, le client, le décorateur et moi-même discutons de la façon dont nous allons installer le sol et les murs, soit 30m2 de céramique pour chaque décor. Nous décidons de prendre un grand studio pour y installer les cinq plateaux l’un à coté de l’autre et de déplacer, lumières et caméra, de l’un à l’autre à mesure que nous prendrons les photos.
Accompagné de Pierre le Chef opérateur et Benjamin son assistant, nous décidons du plan d’installation de la caméra, des lumières et des polys. Une partie de la complexité de l’installation réside dans le fait que certains carreaux de céramique sont brillants et reflètent donc l’ensemble du studio. Étant donné que comme pour tous mes projets, je souhaite qu’il y ait le minimum de retouche, il faut donc trouver de nombreuses astuces.
Quelques photos making-of prises par le client pendant le shooting. Cinq plateaux comme celui-ci ont été installés dans le studio. L’équipe est composée de 16 personnes soit, 1 Styliste, 1 maquilleuse/coiffeuse, 1 chef opérateur, son assistant, un assistant camera, 1 chef electro, 2 electros, 1 accessoiriste, 1 décorateur, 1 assistant photographe, 2 mannequins, 2 directeurs de prod et moi-même.
Le fichier brut, tel qu’il sort de la camera RED. Volontairement terne et peu saturé pour avoir le maximum d’amplitude lors de la phase d’étalonnage.
Voici la photo finale, après l’étape de retouche.
La maquette définitive suivie des quatre autres visuels qui composent la campagne.
Et enfin, le film.
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Merci pour cette fenetre sur ton univers! C’est vraiment chouette de decouvrir les étapes qui ont mené à la réalisation de cette superbe vidéo!
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