Micky from Germany

Temps gris sur Paris où même les silhouettes se reflètent sur l’asphalte humide. Une rencontre hasardeuse dans une boutique qui parfois m’amuse, parfois m’exaspère, Colette. Je me promène rarement dans ce quartier et je n’y fais jamais de photo, un peu trop sûr d’eux pour être attachants, les gens qui y errent, de boutiques chics en boutiques tendances, ne m’attirent que très rarement.
Je me promène dans le magasin, entre sneackers Lanvin et montres Bell & Ross, quand je vois Micky, seule, entourée de beautés diaphanes et ennuyeuses. L’imperfection est la plus belle des beautés, la faille, l’interstice, qui attisent. Petite, brune, malicieuse, elle arrive de Berlin et est à Paris pour quelques jours. Elle est photographe pour des magazines de mode. Je ne peux m’empêcher de la regarder, plusieurs minutes, avant de l’aborder pour lui demander de la prendre en photo.
Les photos sont comme des souvenirs aux contours clairs et lumineux. Par peur de l’oubli, peur de l’absence, j’essaie d’accumuler ces visages comme autant de sentiments qu’un Petit Poucet aurait laissés sur son chemin.