Jeudi matin, j’ai rendez-vous au studio photo Rouchon dans le 5ème à Paris. Il est tôt, il fait gris et je suis en avance. Les boulangeries commencent à ouvrir, Paris sent le croissant chaud et un peu les poubelles. Je passe devant le Jardin des plantes, un homme court avec son chien et son Ipod. A côté de moi marche une femme dont la silhouette sombre et élancée m’impressionne, tête couverte par une capuche noire, jambes découvertes sous une jupe courte. Bottes de motard noires et Blackberry dans la main. Je la regarde, elle s’approche de moi. Je suis surpris mais il n’y a pas de raison, elle me demande si je connais telle rue. Je lui dis que oui et lui indique la direction. Sous sa capuche je vois deux grands yeux bleus et des lèvres parfaitement ourlées, je m’étonne à nouveau. Elle me remercie et je la regarde disparaitre au coin de la rue.
Je continue mon chemin. J’arrive dans la cour du studio à la façade couverte de vigne vierge. Je monte à l’étage, je me fais un café et m’assoie sur le canapé face à un panier rempli de viennoiseries. A côté de moi est posé un pull noir à capuche. Je crois que je comprends.
Je vois cette fille croisée quelques minutes plus tôt, un thé à la main et le sourire au lèvres. C’est Rie Rasmussen. Je la connais encore peu, mais à mesure que je passerai du temps avec elle, ma fascination ne cessera de grandir.
Tandis qu’elle se fait maquiller et coiffer, elle ouvre un carnet et me montre les peintures qu’elle fait. Ce sont des corps souffrants, forts et sombres. Cela me fait penser un peu à Egon Schiele. Elle me parle de son expo dans une galerie à NY et de son film qu’elle a réalisé, me raconte quelques anecdotes avec Luc Besson que même sous la torture je ne pourrais pas répéter. J’apprends qu’elle a tourné avec Brian de Palma aussi, mais je n’ai vraiment pas besoin de savoir ça pour être impressionné.
Je n’arrête pas de la prendre en photo. J’essaie de comprendre, de cerner l’incroyable énergie qui se dégage d’elle. On passera toute la journée à discuter entre chaque prise de vue. Enfant je me souviens être tombé amoureux d’une femme peinte dans un tableau de Hopper, c’est amusant, mais je ne sais pas pourquoi ce souvenir me revient.
La journée s’achève, il est tard, les boutiques sont déjà fermées, je reprends mon chemin en sens inverse et me dit que peut-être quelqu’un me demandera à nouveau son chemin.
Un grand merci à tous et bonne journée.
17 Comments
Jolie coïncidence =)
Superbe une fois de plus, merci pour ce retour en beauté.
Des photos qui sont toujours aussi belles 🙂
Anne – la vie est faite de toutes ces coïncidences 🙂
Céline – De retour avant de repartir. Merci beaucoup !
Meg – merci beaucoup Meg !
wow 🙂 It’s been a while since i comment here – and i must tell i missed to read and see the intensity of your work. Now that i catch up with your previous articles i see you did an amazing work these last weeks, as always. Great black&white photographs*
Elle a beaucoup de talents et elle avait fait il y a quelques années un livre/carnet croquis de voyage, impossible de le retrouver en librairie. Belle rencontre James. @ +++
Fleur-de-Lis – Yeah you came a long time ago, but it’s always a pleasure to read you !:) Thank you so much !
Pierre-Jean – C’est vrai qu’elle a beaucoup de talents et dans de nombreux domaines. Je vais essayer de mettre la main sur le livre dont tu parles. Merci beaucoup Pierre-Jean et à très bientôt. 🙂
Encore une rencontre hors du temps, un espace ephémère où l’improbabilité devient palpable, ton art du récit m’a une fois de plus transporté. Merci
The perfect illustrated short story, truly there is no need for more words, when you encounter such a strong real life character!
Your photos feel charged with electricity…
Il est des rencontres qui, dans ce qu’elles ont de passager n’en sont pas moins durables et s’inscrivent comme gravées dans la discrétion d’un souvenir.
nicolas – Merci infiniment Nicolas pour tes mots, j’espère bientot te croiser lors de la prochaine FW. Bonne soirée.
Cristin – I try that my words entwine my pictures. Thank you so much Cristin !
nicole – Je ne pouvais pas dire mieux ! Merci 🙂
J’aime ta façon d’amener et de traiter le sujet, l’ambiance est palpable. Quels yeux et qui a dit que les bigoudis donnaient un air mémère?!?
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C’est idiot mais découvrir que vous appréciez Schiele et Hopper me ravit. L’oeuvre que cette femme vous évoque, quelle est-elle ?
spiruline – Je n’ai eu qu’à me laisser porter par elle. Rien d’autre que son visage et sa présence. Quand tout est réuni, cela devient si simple de faire une photo.
Claire – Hopper est souvent présent dans ma tête quand je travaille. Concernant la femme dans la peinture de Hopper, laissez moi garder le secret, je n’aimerais pas que d’autre en tombe amoureux 🙂
C’est réellement excellent James… J’aime toujours autant votre style, et les petits billets que vous écrivez en supplément des ravissantes photos, c’est ce qui fait toute la différence et ce qui me ravit le plus. Chapeau !
Je suis comme vous sensible à ce genre ce personnalité. Nous autres, artistes, pouvons tomber amoureux d’un arbre ou d’une musique. Ici c’est une femme. Et c’est ce qui est presque cruel, non ?