Baccarat, corps de cristal

Il m’arrive parfois de participer à des conférences durant lesquelles on me demande de parler du regard que je porte sur l’univers du luxe ou encore celui de la mode. Avant de développer quoi que ce soit, je commence toujours par parler du savoir-faire, du travail en atelier et des petites mains, bien avant de venir à parler du produit final. Puis, j’essaie d’expliquer ce qui fait la rareté et le prix de ce type de création. A travers mes reportages, c’est tout cela que j’essaie de mettre en avant. Valoriser ceux qui font, ceux qui sont dans l’ombre. Souvent, une photo vaut mille discours.
Je vais vous parler aujourd’hui d’une maison qui me tient à cœur, celle de la cristallerie Baccarat. Pour tout dire, avant cette première rencontre je connaissais peu de choses de la manufacture. Je vois parfois leurs créations chez des amis ou dans certains lieux, j’ai aussi entendu parler de leurs collaborations avec des designers comme Starck, mais rien de plus. Baccarat est une maison dont le nom m’a toujours été familier mais dont je ne connais qu’une infime facette.

Cette histoire a commencé par une rencontre amicale puis a donné naissance à une collaboration qui me challenge et me passionne. Avant tout et comme à mon habitude, j’ai demandé à visiter les ateliers et à rencontrer ceux qui, dans l’ombre et la chaleur, fabriquent ces fascinants objets. Tout en parcourant chacun des ateliers, on m’a raconté l’histoire des lieux et de la manufacture. Je me suis immergé durant plusieurs jours pour comprendre tous les mystères, puis j’ai commencé à photographier et aujourd’hui je raconte.

On m’avait prévenu, mais mes premiers pas dans la fabrique sont un choc visuel et émotionnel. J’ai visité de nombreux ateliers, des dizaines, mais je n’avais pas ressenti cet étrange sentiment de contrastes si intenses. Lorsque j’entre dans ce qu’on appelle les Ateliers à chaud, une évidence me vient ; puissance et délicatesse, ne se sont jamais aussi bien côtoyées qu’ici.
La photo ci-dessus, montre des essais de couleurs par un maître verrier. Le cristal est soufflé comme un ballon pour voir sa transparence et sa perfection.

Il est 23h, je rentre dans le bâtiment principal, les fours imposent leur chaleur et leur bruit insoutenables. Je vois ces hommes, massifs, concentrés à l’extrême, manipulant ce cristal en fusion pour en faire des objets d’une finesse, d’une fragilité et d’une délicatesse incroyables.

Il y a bien longtemps, ces artisans étaient anoblis par le Roi pour qu’ils ne quittent pas le pays et exportent leur savoir-faire. L’un d’eux me dit avec fierté qu’il faut plus de quinze années pour maîtriser parfaitement cet art et que Baccarat est la maison qui compte le plus grand nombre de Meilleurs ouvriers de France, 25 exactement.

Je m’arrête, fasciné par ce filet de cristal en fusion qui coule sans fin. Le visage éclairé de l’homme me fait penser à une peinture de Georges de La Tour.

Enfant, je me souviens avoir soufflé maladroitement un verre dans un atelier à Murano, le résultat fut une chose assez informe. En renouvelant l’expérience ici, j’ai pu comprendre que depuis je n’avais pas progressé.

Voici donc mes premiers pas et mes premières impressions au cœur de cette maison. D’autres suivront, sous des formes diverses et j’espère que vous aurez autant de plaisir à les regarder que j’en ai eu à les faire.
Baccarat est une très ancienne maison, mais ce qui ne l’empêche pas d’être active sur les nouveaux outils de communication. Vous pouvez donc la suivre sur son Facebook, son Twitter ou encore son Site web.
Merci à Julien, Lydie, Caroline et aux autres pour cette belle aventure qui ne fait que commencer.

Ici, le maitre verrier nettoie sa canne du surplus de cristal qui n’est pas soufflé. ce cristal une fois broyé sera appelé ‘groisil’ et sera recyclé dans la réalisation de nouvelles pièces.
Vous pouvez maintenant lire la suite du reportage dans le billet précédent.