Une phrase de Lamartine qui ramène à ma mémoire les longues heures de classe passées à regarder par la fenêtre. Quand on a 10 ans tous ces mots paraissent idiots et ennuyeux. Puis des années plus tard, on relit ces mêmes poèmes, le sens jaillit par miracle et vient éclairer certaines de nos obscures pensées.
« Ô temps ! suspends ton vol », cette courte phrase arrachée au poème, m’est venu en fixant ce visage qui me fixe à son tour et n’arrête pas de me troubler. Tous ces visages qui sont autant de remparts qui me protègent et me rassurent.
Puis quelqu’un a fait un commentaire en voyant ce portrait : « On dirait qu’il y a deux personnes sur cette photo. » J’ai aimé cette remarque et c’est pour cela que je la partage avec vous. Vos regards me permettront peut-être de mieux comprendre ce qui me trouble dans ce visage.
15 Comments
Serait-ce ce regard de faune? Cette expression profonde et déterminée à la fois? Ou l’utilisation sublime que tu fais ici de la lumière?
J’adore ce poéme et commence la journée d’une manière bien douce 🙂
SL – Des images de l’Après midi d’un faune me viennent, Nijinski faisant des sauts de cabris sur la musique de Debussy. La figure de Nijinski éclaire parfaitement ce portrait. Merci et bonne journée.
Tu sais ce qui me plaît dans cette photo. Les traits de son visage ont la candeur de la jeunesse mais son regard en dit long sur al longévité de son existence. Bonne journée James
Maryophoto – Nous sommes multiples dans le regards des autres, chacun d’eux nous renvoyant une image bien particulière. C’est un peu comme si chaque miroir reflétait une image de nous même différente. Merci !
cela ressemble à une recomposition faciale, un mélange entre les traits durs d’un homme et la douceur d’une femme avec un regard d’une étrange obsession. Ce portrait me mettrait presque mal à l’aise !
@James : oui et voici une citation du Portrait de Dorian Gray auquel cette photo m’a fait penser : » Tout portrait qu’on peint avec âme est un portrait non du modèle, mais de l’artiste ».
@Nicolas : Aussi, le regard semble avoir sa propre consistence indépendamment du reste du visage.
This photo reminds me of a phrase from the film « Victor/Victoria » – « A woman pretending to be a men, pretending to be a woman », like the Russian dolls, layers of the same person de-constructing themselves before our eyes. The pretence feminine softness of the hair and face, over the masculine simple clothing, over the glimpse of a smile on the mouth, over the intense, evil-ish expression of the eyes!
The overall pretence simplicity and lightness, contradicted by the sense of an inside turmoil. The battle between a constrained frame and an inside fire that won’t be put down.
Which will win – passion or conformity?
nicolas – Il me trouble depuis la seconde où je l’ai pris. Merci Nicolas et au plaisir de te voir.
Maryophoto – Très belle citation qui va dans le sens de mon billet précèdent. Merci Mary 🙂
Cristin – All things wich interesting me are « in between ». Lands, paintings, movies, people, everything exists in between. Betwenn light and darkness, beauty and ugliness, mouvement and immobility. Turner, Hopper, Avedon, Hitchcock, Nietzsche, all of them.
Ton modèle me fait penser au personnage de Jean Marais dans le film ‘L’Eternel retour’ de Jean Delannoy …on dirait une version moderne du film.
Une atmosphère étrange et inoxérable se dégagent du cliché liées aux tonalités et à la présence presque hypnotique du modèle. C’est un(e)messager(ère) … 🙂
Bises James et Bravo pour ton superbe travail!
C’est probablement de l’ambiguité sexuelle de ce visage, que naît le trouble. Un visage de femme qui pourrait presque être celui d’un homme. L’ourlé des yeux, la finesse du nez et la plénitude des lèvres ont la délicatesse d’un visage de femme ; la coiffure, le regard, la pose… sont des stéréotypes masculins.
J’aime beaucoup quand cette dualité que nous portons tous jaillit.
Je me suis souvent amusée, dans le métro par exemple, à observer les visages et à imaginer ce que ce visage serait s’il appartenait à l’autre sexe. C’est fascinant !
Bravo pour ce très beau regard (c’est mon premier post ici).
visage étonnement prémonitoire puisqu’il est effectivement entre deux sexes et entre deux temps celui de la maturité et de l’extrème jeunesse, peut être le reverrrons nous dans 10ans avec l’impression qu’il était parfaitement dans son siècle…
Entre 2 sexes, entre 2 âges et quelque chose de cosmopolite aussi dans ce visage fascinant 🙂
La grâce naît de ces instants de questionnement et d’étonnement 🙂
Taline – Je ne connaissais pas ce film, mais je m’y plongerai avec plaisir. J’aime beaucoup l’idée de la messagère, de la passeuse entre deux mondes. Merci beaucoup Tali.
Géraldine – C’est un très beau regard que tu portes sur les visages et celui-ci en particulier. Merci beaucoup Géraldine et je suis ravi que tu viennes commenter ici. 🙂
laurence – Un visage en cohérence avec son siècle, j’aime l’idée. C’est vrai que le rapport au corps, comme à celui du visage évolue selon les époques. Quel visage incarnerait notre époque ?
SL – L’entre-deux, c’est ce que je cherche, car le monde se cache dans un pli, dans l’interstice. Merci encore et toujours 🙂
Première impression tout de suite très forte, à la lecture aussi de ce commentaire évoquant la dualité, je songe à cette scène de film « Persona » de Bergman.
Ce visage m’évoque ceux de Liv Ulman, et auters comédiennes si expressives dans l’ensemble de l’oeuvre du cinéaste.
J’aime beaucoup cette dualité qui arrive parfois à traverser l’image. Tout tient dans une sobriété d’expression. Et la lumière, encore, toujours. Très inspirant tout ce travail.
Extrait de Persona
http://www.youtube.com/watch?v=mIKByxTU2nA&feature=related
Britt Maren, toujours belle…