Comme tout égocentrique qui se respecte, j’aime parler de moi, de ma vie et des non événements qui la jalonne. Le rendez vous incontournable du bobo idéal est, par exemple, les vernissages au Palais de Tokyo.
Après avoir passé quelques minutes à regarder l’expo Superdome Attention ! Ce genre de soirée ne consiste évidement pas à découvrir un artiste intéressant ou à se plonger dans la contemplation d’œuvres subversives ou non, mais tout simplement à, « être là », parce que ce soir c’est ici the Place to be. Ne perdons pas une seule seconde. (Tout ceci sera le sujet d’un futur billet décryptant l’attitude idéale à avoir lors d’un vernissage d’art contemporain où le trait d’esprit prend le pas sur l’intelligence.)
J’étais donc tranquillement en train de manger un tartare de bœuf au saté avec des frites maisons dans le restaurant du musée avec une amie que l’on appellera – pas -, quand une envie naturelle me fit comprendre que je devais aller aux toilettes. Il était très très tard (environ 21h30…) et je commençais d’une certaine manière à être un peu alcoolisé. Je montais les marches de l’escalier avec quelques difficultés en direction du sanctuaire de la solitude imposée. Je me retrouvais donc face à un long couloir, réunissais toute ma lucidité et compris que j’étais arrivé à mon but. Mais une question conne ou un question de poivrot, c’est au choix, me vint à l’esprit : Où sont les chiottes ? Je restais digne et m’accoudais à une balustrade à coté d’un homme, grand, svelte et tout aussi alcoolisé que moi. Je le connaissais mais n’arrivais pas mettre un nom sur ce visage.
Moi – « Vous avez la combine pour rentrer dans ces toilettes ? »
Lui – « Oui, c’est moi qui les aies conçu. »
Moi – « Merveilleux. »
Lui – « Je suis l’ancien directeur »
Moi – « Nicolas Bourriaud ? »
Lui – « Oui »
Moi – « Et….pour les toilettes… ? »
Il pausa sa main sur le mur, poussa, et, tel Alibaba devant la grotte, fit pivoter cette….chose.
Moi – « Merci… »
La vie est ainsi faite. Il y a des personnes comme Nicolas Bourriaud avec qui l’on aimerait avoir de grandes conversations sur l’art, la société et le monde et on se retrouve, ivre, à lui demander comment rentrer dans des toilettes. Oh…triste vie.
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faudra que je te raconte ma version de la soirée ! et d’une autre dont j’etais un des acteurs ! ça a mal fini !