Cela fait plusieurs années que je vis dans la ville du paradoxe. Paris est une ville que l’on contemple sagement, avec respect, comme on regarderait une peinture de la renaissance dans les couloirs chauffés du Louvre. Si l’on s’en réfère aux plaquettes, Paris est la plus belle ville du monde et les chiffres l’attestent, nous sommes le pays le plus visité au monde. On visite Paris comme on visite une pute, on paye cher, on est satisfait et on repart avec des souvenirs plein la tête. Mais un goût amer reste dans le fond de la gorge. Parfois cette ville ressemble à un sublime terminal d’aéroport nappé de brouillard. Plaque tournante du tourisme mondial, ferait-il bon vivre à Paris si l’on reste plus d’une semaine à visiter les monuments et musées ?
Avant d’être une ville de lumière, d’art et de mouvements bruyants, Paris est une ville où je rencontre des solitudes. Des solitudes diverses et variées qui, de la voisine quasi centenaire qui vit au dessus à l’étudiante arrivée direct d’Anvers, embrasse chaque jour mon regard. Tous ces chemins se croisent chaque matin sans jamais se rencontrer, des millions de vies prisent dans le mouvement des flux urbains. Chacun de nous est dans une rame de métro statique, une vitre nous sépare les uns des autres, on se voit, mais l’on ne s’entend pas, on bégaie des phrases, mais aucun son ne sort. Alors on passe son chemin et on retourne chez soi pour ne plus penser à rien.
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Etonnant que personne avant moi n’ait commenté ce billet si profond…Il est le reflet des pensées qui me traversent, lorsque bercée par le roulis du métro parisien je croise, moi aussi, ces regards trop souvent vides….Et m’interroge sur le mystère de cette séparation illusoire que nous nous imposons tous.